La dorsale tunisienne est un ensemble d'alignements montagneux s'étendant, en Tunisie, des monts de Tébessa, à la frontière avec l'Algérie, jusqu'aux hauteurs du cap Bon sans toutefois les inclure en général.
Elle constitue le prolongement oriental de l'Atlas saharien et s'oriente sur un axe sud-ouest - nord-est. Elle se caractérise par des altitudes globalement décroissantes, entre le Djebel Chambi (1 544 m) à l'ouest, point culminant de la Tunisie, et le Djebel Boukornine (576 m) à l'extrémité orientale.
LIMITES
Plutôt qu'un
ensemble compact de montagnes (appelées djebels), la dorsale est une succession
de massifs montagneux plus ou moins alignés, plus ou moins élevés et séparés
entre eux par des trouées transversales. On peut distinguer, sur le plan
orographique, huit divisions comprenant des alignements montagneux, des hautes
terres et une trouée :
Moitié nord de la dorsale
Axe occidental
: un alignement de hautes montagnes, djebels Bargou (1 266 m), Kesra (1 174 m),
Serj (1 357 m) et Zaghouan (1 295 m), situé entre la vallée de l'oued Miliane
au nord et le couloir Zaghouan-Bouficha au sud, avec en extrémité le Djebel
Boukornine ;
Hautes terres
autour de Makthar (900 m) et Rebaa (600 m) séparées par la vallée de l'oued
Siliana ;
Axe oriental
formé d'un alignement montagneux plus modeste, culminant au Djebel Ousselat
(895 m), en contact avec la grande plaine de Kairouan au centre du pays ;
Monts d'Enfida
et de Sidi Jedidi qui forment de petits massifs montagneux en contact avec la
plaine littorale du golfe d'Hammamet.
Moitié sud de la dorsale
Trouée de
Rouhia-Merguellil caractérisée par des formes de relief irrégulières avec le
bassin versant de l'oued Merguellil et le bassin d'effondrement de Rouhia-Sbiba
;
Plus au sud,
on trouve trois alignements majeurs parallèles :
Alignement des
djebels Essif (1 352 m), Bireno (1 419 m) et Oum Jedour (1 309 m) ;
Alignement des
djebels Chambi, Semmama (1 314 m3) et Tioucha (1 363 m) ;
Alignement des djebels Salloum (1 373 m) et Mrhila (1 376 m).
MILIEU NATUREL
La dorsale tunisienne apparaît comme un espace de transition entre le nord de la Tunisie d'une part, le centre et le sud de la Tunisie d'autre part. En effet, le nord, ou Tell, se caractérise par un climat plus humide, tandis que le centre et le sud sont concernés par le climat aride ou semi-aride. L'isohyète de 400 millimètres de précipitations par an traverse la dorsale tunisienne et permet de différencier notamment les végétations de montagne. Ainsi, au nord et à partir des altitudes 950-1 050 mètres, la végétation est dominée par la forêt avec pour espèces les plus répandues le chêne kermès, le chêne-liège et le chêne vert tandis que le sud est dominé par la végétation steppique. Par ailleurs les altitudes sont insuffisamment élevées pour retrouver le domaine végétal caractéristique de l'Atlas.
PEUPLEMENT
Dans
l'Antiquité, la dorsale apparaît comme un espace peuplé si l'on considère le
cas de cités florissantes telles qu'Oudna, Mactaris (Makthar), Hir Souar, Sufetula
(Sbeïtla), Cillium (Kasserine), etc.
Après la
conquête arabe au viie siècle, certaines ont périclité (Sufetula ou Cillium)
tandis que d'autres ont trouvé leur place dans le réseau de villes organisées
autour de Kairouan (Aïn Jeloula, Agar, Hir Souar ou encore Sbiba). Avec les
invasions par les tribus hilaliennes au xie siècle, on assiste à une importante
déprise agricole et à une mutation du peuplement vers une nomadisation de
tribus bédouines, laissant quelques foyers pour la vie sédentaire rurale (Bargou,
Serj et Kesra au nord-est).
Au XIXe et XXe
siècles avec l'époque beylicale puis celle du protectorat français, cet espace
est exploité au profit des grandes villes littorales (Tunis, Sfax et Sousse) à
travers l'acquisition de grands domaines d'agriculture extensive par des
notables urbains, la famille beylicale ou de grands fermiers coloniaux et la
captation des eaux de source (Aïn Tebournouk, Jougar, Bargou, Haffouz et
Sbeïtla). La dorsale est ainsi considérée comme le « château d'eau » de la Tunisie.
Depuis l'indépendance, une politique d'aménagement du territoire et de développement local a encouragé quelques spécialisations agricoles intensives avec l'extension de l'irrigation et de l'arboriculture (pommiers, abricotiers, etc.). De même, la création des gouvernorats a fait accéder leur chefs-lieux au rang de centres administratifs (Zaghouan, Siliana et Kasserine).