La Kroumirie est une région montagneuse d'Afrique du Nord qui
couvre en grande partie les gouvernorats tunisiens de Jendouba et de Béja ainsi
que, pour une moindre mesure, le gouvernorat de Bizerte et la wilaya d'El Tarf
(Algérie).
GEOGRAPHIE
Elle est délimitée au nord par la mer Méditerranée, au sud par le cours de la Medjerda,
à l'ouest par la région d'El Kala dans la wilaya algérienne d'El Tarf et à l'est par la région de Sejnane dans le gouvernorat de Bizerte.
La région est couverte de forêts extensives de chênes-lièges
et de chênes zéens.
Elle compte deux parcs nationaux où la faune, la flore et le milieu naturel sont protégés :
le parc national d'El-Kala dans la wilaya d'El Tarf.
Cela s'explique par le fait que la région est l'une des plus humides
du Maghreb, avec une pluviométrie de 1 000 à 1 500
millimètres par an.
La région est principalement rurale. Néanmoins les villes les plus peuplées de la région sont
Amdoun,
ECONOMIE
La région dispose d'atouts agricoles en raison du taux
de précipitation important. La pêche est également pratiquée depuis l'ancien port génois de Tabarka.
Les organismes de développement de Tunisie font également la promotion
du tourisme de randonnée en raison de sa richesse botanique et biologique ainsi
que du thermalisme. Les villes d'Aïn
Draham et Beni M'Tir figurent
parmi les pôles de ce développement. La ville de Tabarka connaît également une
émergence du tourisme, ce qui lui permet de mettre en avant sa culture et son
patrimoine.
DEMOGRAPHIE
La région tire son nom des Kroumirs, une confédération tribale
en très grande majorité arabe qui vit dans la région. Elle se compose
d'au moins 25 fractions..
En 1891, Lucien Bertholon donne plusieurs versions sur l'origine de cette
population, en soulignant toutefois l'absence d'une tradition écrite à ce
sujet. Ainsi, l'historien arabe Ibn Khaldoun (fin
du xive siècle) la fait descendre d'Abdallah-el-Khoumiri,
membre d'une tribu originaire d'Arabie arrivée en Afrique du
Nord en 973 et dont les sept fils auraient constitué les
fondateurs des Kroumirs actuels. Selon d'autres versions, datant de l'époque
coloniale, la population serait issue des Chabid, une confédération religieuse
arabe venue du Sud tunisien, ou encore d'un mélange de
populations berbères.
Jacques Taïeb, dans son article de l'Encyclopédie berbère consacré
à la région, rapporte que les habitants déclarent descendre d'une tribu arabe,
les Banû Khamr ou Khumayr, dont un représentant, Khumayr Ben ‘Umar, était un
compagnon du conquérant de l'Ifriqiya, Oqba Ibn Nafi al-Fihri. Il juge
cette tradition plausible.
CULTURE
Selon Jacques Taïeb, la langue arabe parlée dans le
massif appartient au groupe dit des parlers arabes nomades, diffusés dès
le xie siècle,
l'arabisation s'étant vraisemblablement effectuée au XIIIe siècle par
l'installation de nomades arabes ou d'origine berbère mais
arabisés. Il mentionne également le caractère profondément arabisé de la région
et l'originalité du mode de vie de la population.
Taïeb se fonde sur des écrits d'Ibn Khaldoun pour appuyer son
propos, celui-ci signalant en effet que la majorité de la population d'Afrique
du Nord est encore berbérophone au xive siècle. Toutefois, cela contredit d'autres
écrits d'Ibn Khaldoun qui sont plus précis sur l'histoire de la Kroumirie,
puisqu'il affirme que les Kroumirs descendent d'une tribu arabe arrivée dès
le xe siècle et
que ses membres étaient les premiers ancêtres des kroumirs actuels.
En 1892, deux militaires français, Henri Guérard et Émile Boutineau, avancent également le fait que les Kroumirs sont « primitivement de race arabe » de par leurs mœurs et leur physique où ils sont décrits comme étant « grands », « bien découplés », « très fort », avec une musculature très développée. Ils témoignent également de la similarité des Kroumirs avec les autres Arabes de par leurs vêtements et leurs coutumes de mariage